Actualités
Peinture
Palimpseste
Les couleurs pastel sont synonymes de nuances délicates, douces, tendres… eh ,bien non ! Je ne les utilise pas de cette manière, au contraire, la confrontation des rouges vifs versus les bleus électriques donne des contrastes saisissants, cassants comme la verticalité d’une vague créée par deux courants opposés.
Pour arriver à ces formes géométriques simples, dépouillées, j’ai posé des couches et des couches de pastel, griffé le papier, humidifié le dessin par de la laque. Ce vernis modifie , transforme les couleurs , les rend plus profondes, fait apparaître les couches antérieures, bouscule et étonne mon regard qui m’entraîne dans une nouvelle direction comme une photographie apparaissant dans le bac révélateur.
Peu ou pas de figuratif . Pas d’idée préconçue, pas d’esquisse en tête, plutôt une couleur qui servira de moteur, un soleil noir pour apprivoiser l’inconnu, une forme répétée pour m’ouvrir un horizon ? Couche après couche, j’avance. J’avance en refusant un figuratif, cette figuration m’appesantit.
Quelquefois pourtant, une forme « figurative » me permet de finir un tableau, de donner un titre et poser ma signature, mais souvent elle m’empêche d’avancer, bloque ma main !
Y a-t-il du vide dans mes tableaux ? Je me pose la question. La force des pigments m’oblige à aller vers des formes simples , dépouillées, à aller vers mon abstraction. Ce travail que je nomme « Palimpseste » c’est à dire des couches de pastel qui recouvrent d’autres couches et qui sont nécessaires pour créer une histoire, une profondeur jusqu ‘a pouvoir graver, inciser, griffer. Ces palimpsestes enrichissent ma peinture et bousculent ce vide. Ces couches posées comme des sédiments qui ne s’effacent pas mais contribuent à l’architecture du tableau.
Couches sédimentaires/sédiments de pastel.
Flux et reflux de couleurs, flux et reflux de formes, recouvrement du sable/papier, marée après marée pour fixer des images comme celles que nous devinons dans les rochers anthropomorphiques de notre côte « Pagan ».
Sculpture
Fêlures
Quel regard portons-nous sur ces âmes brisées ?
Osons-nous les regarder et y faire face ?
Ces nus en terre sont comme un miroir de vérité,
elles nous renvoient à nos propres déchirures intérieures, celles que l’on voit, celles que l’on n’a pas vu, celles que l’on ne veut pas voir, celles que l’humanité ne veut pas voir.
Pourtant ces femmes portent un visage serein,
peut-être que tout dépend de notre regard sur la vie ?
Ce qu’elles viennent toucher en nous, ce sont nos propres blessures. En regardant ces âmes abîmées nous pouvons simplement les reconnaître dans ce qu’elles portent et les aimer pour ce qu’elles sont, un témoignage d’un parcours de vie qui fait écho au notre.
Ces sculptures nous invitent à lâcher prise ! Nous pouvons les remercier et accueillir en nous la transformation de notre regard. Alors, au-delà de l’âme blessée,
nous contactons l’Être dans son essence pure et intacte qui est Amour. L’Amour que nous avons tant cherché pour panser nos blessures, cet Amour qui est en nous-mêmes et que nous avons oublié, cet Amour est là, devant nous !
Oserons-nous le regarder?
Oserons-nous le recevoir?
Âmes fêlées, ébréchées jour après jour, petit à petit par les minuscules vexations de la vie ou soudainement déchirées.
Dans la continuité des Femmes qui tombent, je donne à voir la fragilité de l’Humain. Mes nus en terre s’offrent au regard sans masque : leurs déchirures intérieures matérialisées par ma main.
Ces sculptures résonnent en nous, nous attirent ou nous repoussent.
Parfois enserrées entre des barreaux, ces œuvres évoquent les prisons de certains quotidiens : addictions, violences, repli sur soi.
Pas de visage douloureux, pas de sang seulement la béance des corps ouverts, vides, que l’amour et l’affection ne nourrissent pas, ne remplissent pas, plus…
Mais à qui nos yeux donnent vie.
Femmes qui tombent
Ces corps parfois clairement féminins, parfois androgynes sont tout en lignes nerveuses, anguleuses, esquissées – lignes qui rappellent mon coup de crayon.
Dans cette recherche, j’explore une forme proche du croquis. J’utilise ma technique pour abandonner les canons classiques : mains délibérément trop grandes et chargées d’expressivité, têtes étonnamment fines et graciles couronnant des corps en déséquilibre mais massifs.
Les pièces qui composent Femmes qui tombent sont l’aboutissement d’une longue période de maturation. Elles sont devenues une évidence pour moi mais elles ne se révèlent pas facilement à moi. Des mois s’écoulent avant que je ne trouve la forme juste, le juste état de la matière.
À coup de disqueuse, j’incite ses femmes à abandonner leur carapace, à dévoiler leur déséquilibre, leur fragilité. Fragiles comme nos démocraties, à l’image du granit que l’on croit inaltérable et qui pourtant casse : prête à tomber comme Anna Politkovskaïa en Russie ou comme l’Humanité dans l’univers concentrationnaire.
Chute amorcée, souffle retenu dans l’entre deux.
Ces Femmes qui tombent nous offrent des visages sereins, nous pouvons encore les retenirs.
Mémorial à Brest
Réalisation d’une sculpture monumentale en commémoration des victimes de l’amiante.
Cette stèle se présente sous la forme d’un diptyque.
Les deux pans – l’un massif et granitique, l’autre, plus léger et translucide – visent, à livrer un double message : le refus de l’oubli et le besoin d’espoir.
Des objets amiantés, collectés par l’Adeva, y sont définitivement emprisonnés dans la résine, par similitude à la technique de l’inertage, présente au coeur des pratiques de désamiantage. Cette inclusion conforte le principe du « plus jamais ça ! ».
Cours